L’appréciation politique et intellectuelle de la Révolution française doit moins, depuis 1945, aux historiens qu’aux philosophes, moins à l’évolution de l’historiographie comme telle qu’à la manière dont des penseurs de première importance se sont mêlés de penser la Révolution française. Les querelles philosophiques des années 1960, sur les fonctions respectives de l’histoire, de l’anthropologie, des sciences dites humaines, et de la philosophie ont installé la Révolution française au cœur des débats. Le plus fameux d’entre eux a opposé Jean-Paul Sartre et Claude Lévi-Strauss, et, dans son sillage, Michel Foucault a promu, contre Sartre, une conception scientifique du savoir sur l’homme où la Révolution française n’a plus eu aucun intérêt. Mais personne n’en est resté là.
Quel est aujourd’hui le legs de ces querelles, pour les historiens et pour la manière de concevoir l’expérience politique de la Révolution française?
Sophie Wahnich est directrice de recherche au CNRS (IIAC/EHESS/PSL). Elle travaille entre histoire, anthropologie et études politiques sur la Révolution française. Elle interroge notre présent en écoutant les conseils, avis et perplexités vécues de nos ancêtres révolutionnaires. Pour faire passage entre ces figures fantomatiques et fortes et nous, elle fait confiance aux émotions. Elle a plus particulièrement travaillé sur les émotions comme faculté de juger pendant le moment révolutionnaire et sur les enjeux philosophiques de cette perspective historiographique.
Bibliographie: L’impossible citoyen l’étranger dans le discours de la Révolution française, Paris Albin Michel 1997 (réédition semi-poche 2010); La liberté ou la mort, essai sur la terreur et le terrorisme, La fabrique édition 2003 (traduction en anglais chez Verso, en allemand chez Matthes & Seitz); La longue patience du peuple, 1792 naissance de la République, Paris, Payot 2008; Les émotions la Révolution française et le présent, Paris CNRS éditions 2009; La Revolution française n’est pas un mythe, Paris Klinsieck 2017.
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Co-sponsored with Department of French Literature, Thought, and Culture and Institute of French Studies